Publié le 30 juil. 2019
Ça n'a échappé à personne : les thermomètres s'affolent et des records de température vont être atteints. Cet été encore, nous allons traverser des périodes de chaleur intense, difficile à supporter. Mais comment nos cultures et nos vergers survivent sous ce soleil de plomb ? Chez Potager City, l'équipe est toujours inquiète pour nos chers fruits & légumes lorsque le mercure grimpe.
Volets fermés et réfugiés devant le ventilateur, on dégaine les sorbets glacés pour se rafraîchir. On commence à avoir l’habitude des vagues de chaleur que l’on appréhende toujours. Les fruits et légumes doivent également s’en accommoder, et ces degrés extrêmes ne sont pas sans conséquence sur le monde maraîcher.
L’équipe décrypte pour vous les effets de la canicule sur les fruits et légumes grâce à notre apprentissage auprès de nos producteurs partenaires.
Pour vivre, les végétaux ont besoin de trois éléments fondamentaux : de la lumière (rayonnement solaire), du Dioxyde de Carbone (CO2) et de l’eau.
Les fruits et légumes, comme toutes les plantes, fabriquent du sucre pour se développer. Cette fabrication se passe dans leurs feuilles grâce à la photosynthèse, principal mécanisme de production de glucose chez les végétaux. Il s’agit d’une réaction chimique naturelle qui permet de convertir du CO2 et de l’eau en glucose et en dioxygène (O2) grâce à l’action du rayonnement solaire capté par un pigment présent dans les feuilles des végétaux : la chlorophylle !
Nous l’avons vu, les fruits et légumes ont naturellement besoin de soleil pour croître et arriver à maturité. Et la chaleur dans tout ça ?
Chaque espèce de plante possède une tolérance thermique qui lui est propre mais globalement, plus la température ambiante est élevée, plus le métabolisme de la plante est efficace et plus sa croissance est rapide.
Malgré l’efficacité de la chaleur sur la croissance des fruits et légumes, elle a en période de très fortes chaleurs ou de canicules des impacts dramatiques pour les cultures, et pour le monde maraîcher.
Une 1ère vague de chaleur trop tôt dans l’année peut terriblement bousculer le mûrissement de certains fruits et légumes qui sont encore fragiles et peu endurcis pour lutter contre ces températures. Les soins et l’attention portés aux cultures redoublent alors.
Cette année par exemple, les pommiers de nos producteurs ont été mis à mal, la pomme étant l’un des fruits supportant le plus mal les hautes températures. Une chance que les professionnels du métier soient habitués à gérer ces situations ! Résultat : un lot de pommes totalement grillé sur les arbres, mais l’assurance d’en avoir tout de même à la rentrée ! Ouf.
Le problème majeur de la canicule n’est finalement pas tant les températures, mais plutôt les répercutions qu’elles ont sur un autre élément essentiel aux fruits et légumes.
La canicule va en effet avoir un impact très négatif sur la ressource en eau : les sols s’assèchent, et les précipitations ne sont pas suffisantes pour remplir les nappes phréatiques. L’eau devient plus rare et afin de limiter sa consommation, la plante choisit de réduire sa photosynthèse et vit donc sur ses « réserves » en attendant que la température baisse. Résultat : un arrêt de croissance des bourgeons et des fruits, une dessiccation des fleurs, une perte totale ou partielle de ses feuilles et une perte de maintien (la plante se rabougrit, se fane).
Si la situation persiste dans le temps, la plante finit par épuiser l’eau qu’il lui reste, se dessèche et meurt.
C’est par exemple la raison pour laquelle nos producteurs n’ont pas pu proposer autant de fruits rouges qu’eux et nous aurions souhaité (myrtilles et framboises), les produits ayant brulé avant leur maturité… Même à Nantes ou les températures sont plus clémentes d’ordinaire, les tomates ont subi les deux canicules consécutives.
Après les fortes chaleur, pas de répit pour les producteurs et leurs cultures. Alors que les fruits et légumes sont en stress hydrique et manquent cruellement d’eau, les précipitations que l’on connaît au lendemain des canicules viennent achever des champs déjà abimés.
La pluie tombe, oui, mais beaucoup trop, et beaucoup trop fort, et vient abimer les sols et noyer les fruits et légumes. Les sols n’absorbent pas la grande quantité, et les végétaux se noient ou pourrissent.
Aussi, les bien connus orages de fin de canicule viennent causer des dommages physiques sans précédent, cassent les branches, font tomber les fruits, la grêle et le vent les accompagnant dans cette bataille.
Cette nouvelle équation ne rend pas service aux fruits et légumes. Avec les températures qui ont tendance à grimper, les insectes d’aventure plus présents dans le sud se propagent sur des sols dont ils n’étaient pas friands. C’est le cas de la chenille processionnaire, un insecte mal aimé des producteurs… En revanche, ce manque d’humidité vient équilibrer la balance en éloignant les maladies liées à l’eau, comme les champignons.
Le secteur est habitué à gérer les effets de Dame Nature, mais avec des canicules de plus en plus rudes, le manque de précipitation toute l’année et un dérèglement climatique global, les adaptations sont plus lourdes à prévoir.
Largement, les producteurs voient une baisse évidente de rendement. Les productions sont moindres, mais quel effet sur leurs revenus ? Ils s’adaptent, et les prix fluctuent, et augmentent sur les étals pour palier à un manque de volume.
Ils sont également aidés par les pouvoirs publiques, qui, une fois les situations d’urgence décrétées, et les catastrophes climatiques officialisées, versent des subventions importantes (mais réparties entre énormément des producteurs…).
La PAC (Politique Agricole Commune), une politique mise en place à l’échelle de l’Union européenne, vient par exemple financièrement en aide aux producteurs lors des périodes compliquées comme celles des canicules et trop fortes chaleurs. Le Ministère de l’Agriculture peut également venir en aide aux professionnels du milieu, pour équilibrer (peu ou prou) les pertes subies.
Pour continuer d’irriguer leurs cultures lors des sécheresses, les producteurs tentent tant bien que mal de la stocker, et d’en trouver où ils peuvent lorsqu’elle ne tombe pas du ciel.
Ils peuvent notamment stocker en hiver (dans une certaine mesure et selon les autorisations), l’eau des fleuves et rivières dans des bassins de stockage, pour faire face aux restrictions estivales (en effet, les arrêtés préfectoraux interdisent pendant les canicules de pomper l’eau). Cette pratique aux nombreux opposants est pourtant l’une des solutions pour abreuver les cultures de fruits et légumes. Très couteuse (les bassins de stockage sont chers), il faut parfois trouver d’autres solutions.
Alors, les producteurs utilisent des systèmes d’irrigation qui économisent l’eau : la technique d’arrosage « goutte à goutte » par exemple et à l’inverse d’un arrosage pas aspersion aérienne (qui n’est ni écolo ni économique), permet de remplacer l’arrosage naturel par des gouttes très précisément déposées par un mécanisme aux pieds des plants. De fait, l’eau passe directement dans la plante, les pertes sont moins importantes et l’eau est rationnée.
Quelles solutions à long terme sont envisagées pour à la fois préserver la ressources rares de l’eau, et s’adapter à un climat déréglé et à ses rudes canicules ?
La principale alternative vient des recherches agronomiques actuellement en cours et en essais. Les experts agronomes pistent des solutions, comme celle de semer plus tôt pour éviter les fortes chaleurs (quitte à bouleverser les saisons), de trier les sols, de créer et/ou sélectionner des graines et semis plus résistants, de greffer les semences. Par exemple, face à un blé peu résistant à la chaleur, le remplacer par du millet ou du sorgo, qui sont eux plus costauds…
Les cultures hors-sol comme l’hydroponie apparaissent aussi comme des alternatives possibles, déliant l’entière dépendance à la nature ( l’hydroponie est une méthode de culture de plantes réalisée sur un substrat neutre et inerte irrigué d’un courant de solution qui apporte des sels minéraux et des nutriments essentiels à la plante).
Ces alternatives impliquent de modifier les organismes, de bouleverser les saisons que l’on connaît, et de ne pas donner toutes les cartes à la Nature. Reste à savoir si l’on en veut…
A cour terme, la canicule met à mal les cultures, et oblige les producteurs à s’adapter, parfois très difficilement. Et si à long termes la canicule et le dérèglement climatique en général venaient transformer la culture des fruits et légumes telle qu’on la connaît aujourd’hui ?
Semer plus tôt, transformer les variétés, et avec des température atteignant les 40°C, les producteurs commencent à cultiver des melons et des pastèques sur une bien plus grande période. Aujourd’hui cultiver des produits qui poussaient hier uniquement dans le sud sur des parcelles bien plus au nord ne surprend plus. Et demain, pourquoi ne pas cultiver ici des produits que l’on importe à 100% aujourd’hui comme des avocats ou des litchis ?
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