Gaspillage alimentaire : il faut en finir

Publié le 07 mars 2019

Pas moins de 80 tonnes (179kg par habitant) de nourriture sont jetées chaque année dans les poubelles des 27 pays de l’UE, la progression sera de 40% d'ici 2020.

Le Parlement Européen a adopté, le 19 janvier 2012, une résolution visant à éviter le gaspillage alimentaire au sein de l’Union. Pourquoi en est-on arrivé à cette résolution ? Que préconise-t-elle ? Au niveau du consommateur, quelles sont les pistes d’actions ? Autant de questions auxquelles nous tenterons de répondre au cours de cet article.

Les chiffres du gaspillage

Pas moins de 80 tonnes (soit 179 kg par habitant) de nourriture sont jetées chaque année dans les poubelles des 27 pays de l’Union Européenne et si rien n’est fait, la progression sera de 40% d’ici 2020. Tous les acteurs de la chaîne alimentaire y contribuent, l’industrie à hauteur de 39% ou encore la restauration à 14%. La palme revient au consommateur final avec une part de 42% de ce gaspillage. Chaque français jette 7kg d’aliments encore emballés et 13kg de restes de repas non consommés. Et pourtant 79 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté et 16 millions ont recours à l’aide alimentaire. En parallèle, la population mondiale croît, les pays émergents aspirent à une alimentation « occidentalisée » entraînant une demande croissante de l’offre alimentaire.

Des pistes d’actions et des propositions concrètes

Face à ce gaspillage dont les conséquences se traduisent sur un plan non seulement éthique, mais aussi économique, social avec d’énormes implications environnementales, les députés demandent de mettre en place une stratégie coordonnée, associant des mesures européennes et nationales, afin d’améliorer l’efficacité de la chaîne alimentaire et des circuits de consommation.

– Mieux éduquer pour moins gaspiller

Pour parvenir à une réduction drastique des gaspillages alimentaires, des campagnes de sensibilisation doivent être encouragées aux niveaux européen et national. Les députés proposent que des cours d’éducation alimentaire soient dispensés dans les écoles, afin de donner des conseils pratiques sur la conservation des denrées alimentaires, leur préparation et leur élimination. Ils proposent également d’échanger les meilleures pratiques.

– Étiquetage et emballage adéquat

Pour éviter que les denrées alimentaires ne soient proposées à la vente dans un délai trop proche de la date de péremption, une double date de péremption pourrait être introduite pour indiquer la date limite de vente et la date limite de consommation tout en veillant à ce que les clients comprennent l’étiquetage en vigueur. Pour permettre aux consommateurs d’acheter la quantité qu’ils souhaitent, les producteurs doivent proposer plusieurs dimensions d’emballages alimentaires et prévoir une meilleure conservation. Les produits proches de la date de péremption ou endommagés doivent être vendus au rabais, de manière à les rendre plus accessibles aux personnes démunies.

– Les institutions publiques doivent privilégier les services de restauration responsables

Les marchés publics pour les services de restauration doivent être revus pour assurer, dans la mesure du possible, que les contrats soient passés avec des services de restauration qui utilisent les produits locaux et qui redistribuent gratuitement les invendus aux personnes démunies ou aux banques alimentaires.

Et moi, comment puis-je agir ?

L’art et la manière pour limiter le gaspillage : Les députés européens demandent de déclarer 2014, « année européenne contre le gaspillage alimentaire ». Mais que peut faire « le consommateur citoyen » pour contribuer à la réduction du gaspillage alimentaire d’ici là.

– Savoir décrypter les étiquettes et agir en conséquence

Les industriels ont l’obligation de mentionner la durabilité du produit sur les aliments préemballés, ce qui se traduit par les notions de DLC et de DLUO : La DLUO ou date limite d’utilisation optimale concerne plus généralement les aliments que l’on conserve à température ambiante. Au delà de cette date, les qualités organoleptiques peuvent être modifiées, texture et couleur peuvent s’altérer, la teneur en vitamines peut diminuer, mais l’aliment reste propre à la consommation et ne présente aucun risque pour la santé. La DLC ou date limite de consommation concerne les produits à conserver au réfrigérateur et qui ont souvent une durée de vie courte. Cette date doit être respectée car au delà il peut y avoir un risque microbiologique et la garantie sanitaire n’est plus assurée. Selon le cas, il peut y avoir une tolérance d’un jour en fonction du respect des modalités de conservation, l’aliment doit alors être soigneusement examiné, toute couleur ou odeur suspecte doit entrainer l’élimination du produit. Dans tous les cas, on utilisera toujours les produits en date limite dans des préparations où la température de cuisson permet de tuer les microorganismes présents. Petite exception, le yaourt, au delà de sa DLC, reste sans danger étant donné que son pH acide retarde la prolifération des microorganismes. Si vous avez des craintes, vous pouvez toujours, au lieu de le jeter, l’utiliser pour préparer un gâteau au yaourt qui ravira petits et grands.

– Une bonne conservation des aliments

Pour tous les aliments préemballés ou non, il est important de bien entreposer les aliments dans le réfrigérateur, les températures varient d’un compartiment à l’autre et chaque famille d’aliments a sa propre température de conservation. À chacun sa place dans le frigo ! Le mode d’emploi précise les emplacements à respecter pour des conditions optimales de conservation.

– Une dose d’organisation

Prendre un peu de temps au retour des courses peut faire gagner du temps et de l’argent. Certains aliments sont plus fragiles, les salades par exemple. On peut avant de les ranger,  les laver, les préparer et les entreposer dans une boîte hermétique. Elles seront ainsi propres, prêtes à l’emploi et ne montreront plus leur tête flétrie après un séjour prolongé au frigo. Il existe maintenant toute une série de contenants, en particulier des boîtes dans lesquelles on peut faire le vide à l’aide d’une petite pompe fournie à l’achat. Ces boîtes permettent d’augmenter la durée de conservation des aliments. Une barquette de fraises se conservera jusqu’à 6 jours au lieu de 2, le fromage, 35 jours au lieu de 10.

– Place à l’astuce et à la créativité !

Vous êtes très organisé(e), mais pour une fois, vous vous êtes laissé(e) déborder ou vous avez vu trop grand. Tant pis, il subsiste encore des solutions. Carottes ramollies, pommes de terre rabougries et salade flétrie alimenteront à bon escient le potage du soir et la petite portion de fromage fondue qui traîne. Des tas de petits restes dans le frigo, dont on ne sait plus que faire ? Qu’à cela ne tienne, organisez une crêpe partie, mettez tous les restes sur la table et chacun garnira sa crêpe au gré de ses envies. La consigne, tout doit disparaître !

Pour le pain dont une quantité non négligeable finit dans la poubelle, on peut très bien transformer de vieux croutons de baguette en chapelure qui serviront à enrober des escalopes ou des nuggets de poulet maison. Et pourquoi pas un délicieux pain perdu dont je vous livre la recette : trempez des tranches de pain ou de brioche dans du lait froid, puis dans les œufs battus en omelette. Faites fondre du beurre dans une poêle et faites-y revenir les tranches de pain. Quand elles sont bien dorées, trempez les dans un mélange sucre et cannelle. Dégustez accompagné d’une compote de pommes par exemple. Potage, pain perdu, compote, un repas du soir complet, délicieux et peu onéreux.

Dans tous les cas, si vos aliments préférés ne présentent plus leurs qualités optimales, n’hésitez pas à faire preuve de créativité et à les utiliser dans des préparations culinaires au lieu des jeter.

– D’autres le font : freeganisme et déchétarisme, solutions d’avenir ?

D’après Wikipedia, le freeganisme  ou glanage alimentaire, est un mode de vie alternatif volontaire dont le but est de limiter sa participation dans le système économique et la société de consommation. Cela consiste par exemple à récupérer des aliments encore consommables dans les poubelles des magasins de grande distribution et des restaurants, et plus généralement, à moins consommer en récupérant et réutilisant les déchets quand c’est possible. Les glaneurs ont donc, pour la plupart, une motivation d’abord éthique plutôt qu’économique. Ils désirent tourner le dos au système dominant et au gaspillage qu’il implique. Ce mouvement n’est pas sans lien avec la philosophie anarchiste, et est plus proche du concept de décroissance durable que de celui de développement durable (qui cherche à concilier l’environnement à l’économie et à la société). Pas forcément la peine d’aller jusque là. À nous de trouver d’autres solutions et d’inventer des moyens d’actions pour réduire le gaspillage et faire en sorte que les poubelles ne soient plus une source d’approvisionnement volontaire ou involontaire.

Michèle SALORD, Conseillère en éducation alimentaire et nutritionnelle

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