Vitamine D, quand l’alimentation ne fait pas tout

Publié le 07 mars 2019

La vitamine D est connue de longue date comme la vitamine anti rachitisme par excellence. Mais depuis une trentaine d’années, elle suscite auprès des chercheurs et médecins un regain d’intérêt car les études montrent qu’elle pourrait jouer un rôle primordial dans un grand nombre de processus.

La vitamine D est connue de longue date comme la vitamine anti rachitisme par excellence. Mais depuis une trentaine d’années, elle suscite auprès des chercheurs et médecins un regain d’intérêt car les études montrent qu’elle pourrait jouer un rôle primordial dans un grand nombre de processus.

Il semble important de sensibiliser le grand public aux différents rôles de la vitamine D, les carences étant plus fréquentes qu’on ne l’imagine.

Vitamine D : pas tout à fait une vitamine…

Une vitamine est une substance indispensable à la vie. Elle doit impérativement être fournie par notre alimentation, l’organisme est incapable de la fabriquer. La vitamine D ne répond pas complètement à cette définition puisque d’une part l’alimentation ne couvre qu’une faible part des besoins, et que d’autre part elle peut, dans certaines conditions, être synthétisée par l’organisme.

… plutôt une hormone

La vitamine D est fabriquée à partir d’un dérivé du cholestérol (provitamine D) localisé dans la couche profonde de l’épiderme sous l’action des rayons UV B, les mêmes qui entraînent les coups de soleil. Cette molécule encore appelée cholécalciférol ou vitamine D3 passe dans la circulation sanguine, subit des modifications successives, d’abord au niveau du foie, puis du rein, où sa forme active, le calcitriol est élaborée. On sait maintenant que le calcitriol est également activé dans de nombreuses autres cellules. Ce processus s’apparente à celui d’une hormone, conférant à la vitamine D un rôle encore plus fondamental.

Du rachitisme au cancer, une substance multifonctions

La vitamine D joue un rôle essentiel dans le métabolisme osseux. Elle favorise l’absorption du calcium dans l’intestin, régule sa fixation sur l’os et assure une bonne densité de la trame osseuse protéique. Au delà de son rôle dans la prévention du rachitisme et de l’ostéomalacie, la présence de vitamine D entraîne un effet positif sur le muscle, diminue le risque de chute et de fracture.

Mais les études plus récentes montrent l’implication de la vitamine D dans le contrôle de l’expression de nombreux gènes intervenant dans la prolifération, la différenciation, la vascularisation cellulaires. Elle pourrait ainsi jouer un rôle clé dans de multiples pathologies, cancer (sein, colon, prostate), infections virales, maladies inflammatoires (diabète de type I, sclérose en plaque, maladie de Crohn) entre autres exemples.

Des besoins en vitamine D difficiles à évaluer

Les dernières recommandations de l’AFSSA remontent à 2001 et les apports nutritionnels conseillés (ANC) s’élèvent à 5 microgrammes par jour, soit 200 UI (unités internationales) pour un adulte. De nombreux chercheurs spécialistes de la vitamine D, s’accordent à dire que ces recommandations devraient être largement réévaluées (20 à 40 fois les recommandations actuelles pour certains) pour prendre en compte des résultats de la recherche sur les effets protecteurs de la vitamine D sur les cancers et autres pathologies. Pour l’instant, les autorités sanitaires n’ont pas cru bon de revoir leurs recommandations.

Par contre, un consensus se dégage pour dire qu’un taux sanguin de 40 à 45 ng/ml est souhaitable. Les concentrations normales se situent entre 30 et 100 ng/ml. En dessous de 30 ng/ml, on parle de carence modérée et en dessous de 10ng/l, il s’agit de carence sévère.

Tous des carencés potentiels !

Une étude réalisée à Lyon entre janvier et mars 2008 sur près de 200 femmes de 19 à 59 ans a révélé, à la grande surprise des médecins, que 96% d’entre elles présentaient un déficit en vitamine D et 54% une carence sévère. Ces résultats convergent avec ceux de nombreuses études réalisées dans d’autres pays.

Les dosages sanguins de la vitamine D réalisés plus fréquemment en médecine de ville corroborent également ces résultats et montrent que rares sont les personnes qui ne souffrent pas d’un déficit. Le Dr Houssin dans son livre « Vitamine D, mode d’emploi », n’hésite pas à parler de véritable maladie de civilisation.

Pour comprendre cette épidémie d’hypovitaminose D, il faut examiner les sources de vitamine D, déjà citées plus haut :

1) L’alimentation contribue peu à couvrir les besoins en vitamine D. Elle intervient à hauteur de 10% à 20%. Peu d’aliments en contiennent : certains poissons (sardine, saumon), le foie de veau, le jaune d’œuf. Il faudrait cependant consommer par exemple 22 œufs durs par jour pour avoir assez de vitamine D, pas vraiment réaliste.

2) La vitamine du soleil : on l’a vu, c’est l’exposition de la peau nue au soleil qui permet la fabrication de la vitamine D. Cependant sous nos latitudes en hiver, l’inclinaison des rayons qui augmente en allant vers le Nord du pays, entraîne une diminution voire une disparition de la synthèse de vitamine D. La synthèse se fera essentiellement entre avril et septembre. Mais c’est surtout notre mode de vie actuel avec pour la majorité des gens, un travail en intérieur (usine, bureau),  la pratique d’un sport en salle plutôt qu’en extérieur qui est responsable de cette situation. Le port de vêtements très couvrants, l’utilisation de crèmes solaires, certains médicaments, un teint mat constituent des facteurs aggravants. Dès lors, quelques jours de vacances passés au bord de la mer ne suffisent à la constitution de réserves suffisantes.

Quelle stratégie adopter pour éviter les carences en vitamine D

– Privilégiez les activités de plein air ! –

Dès le retour des beaux jours et jusqu’en automne, faites du sport, baladez-vous, jardinez ou accordez-vous tout simplement une pause sur un banc au soleil. Pour fabriquer la quantité de vitamine D nécessaire, exposez visage, bras et jambes chaque jour une dizaine de minutes entre 10h et 15h. Au delà de 10 minutes, la synthèse stoppe d’elle-même empêchant ainsi une hypervitaminose qui pourrait se révéler toxique. Il est impératif au-delà ce temps d’exposition de vous protéger avec une crème solaire comme vous avez l’habitude de le faire.

– Un dosage sanguin une à 2 fois par an –

Devant la prévalence importante des carences en vitamine D et au vu des bénéfices potentiels, de nombreux spécialistes alertent sur l’importance de faire un dosage une à deux fois par an du taux sanguin de vitamine D sur l’ensemble de la population. Parlez en à votre médecin, il est probablement de plus en plus sensibilisé à l’importance d’un taux optimal de vitamines. En fonction des résultats, il vous proposera une supplémentation sous forme médicamenteuse adaptée à votre situation, à prendre chaque jour, chaque semaine ou mensuellement en fonction de votre préférence. Cette supplémentation permettra de remonter le taux sanguin en vitamine D. Il reste cependant encore beaucoup à faire pour systématiser ce geste. Novembre est une bonne période pour tester l’état des réserves de l’été.

– Existe-t-il d’autres moyens que la supplémentation médicamenteuse ? –

Autrefois, l’huile de foie de morue administrée aux enfants permettait de lutter contre le rachitisme. Mais celle-ci présente d’autres inconvénients, en particulier un apport trop important de vitamine A, qui écarte désormais ce complément alimentaire d’un usage fréquent et régulier. Pour les nourrissons, les laits 1er et 2ème âge peuvent être supplémentés en vitamine D depuis une circulaire de 1992.

Il existe maintenant des aliments enrichis en vitamine D, comme certaines huiles, le lait, des céréales ou même des jus de fruits. Pour l’instant ces produits ne sont pas à recommander. Ils ne sont pas nocifs, mais inutile de consommer de la vitamine D si cela se révèle inutile et a contrario, la dose présente dans ces produits est très souvent insuffisante pour couvrir les besoins. Ils sont de surcroît plus chers que les produits équivalents non enrichis et ne sont donc pas accessibles à tous.

Rien ne vaut un dosage sanguin suivi d’une supplémentation adaptée à votre cas. Avantage : ils sont remboursés par la sécurité sociale dans le cas d’une prescription médicale.

Devant un tel enjeu de santé public à chacun de se mobiliser et de faire circuler l’information !

Michèle SALORD

Conseillère en nutrition, alimentation et éducation au goût.

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