L’aventure vitaminée de Paola

Paola cultive des oranges, des mandarines et des citrons Bio en Sicile. Et très rare et original : elle s'est lancée dans la culture des fruits de la passion dont la qualité gustative n'a rien à envier à ceux d'Amérique latine ! Paola s'est engagée dans l'exploitation familiale avec l'idée de rompre avec la distribution classique.

En ce moment même, en Sicile, il n’y a plus de travail dans les vergers ! Mais pourquoi les agriculteurs de Sicile ne ramassent-ils plus leurs oranges ? Simplement à cause du prix de vente, beaucoup trop bas pour couvrir le coût de la main d’œuvre en Italie… Les producteurs vont donc devoir faire face au gaspillage d’une année entière de travail …

Et oui, nos agrumes siciliens sont largement concurrencés par les agrumes des pays du Maghreb -Maroc, Tunisie- où la main d’œuvre coûte beaucoup moins chère qu’en Italie.

De plus, les normes bio et sanitaires sont beaucoup plus contraignantes sur les fruits et légumes produits dans l’UE. À savoir que chaque pays hors UE fixe lui-même ses normes (trop facile!)

Qu’est-ce que ça veut dire concrètement ? Que Paola a bien du mal à vendre ses oranges ou ses mandarines et que le marché des agrumes, en Italie, est en chute libre !

Chez Potager City, on est fiers de vous dire que le contexte ne change rien à notre engagement ! On continue de travailler avec Paola et on maintient le prix initial ! Si on fait tout ça c’est aussi parce qu’on ne peut plus se passer des oranges de Paola !

Ciao Paola, peux-tu te présenter et nous expliquer ton choix de rejoindre l’exploitation agricole familiale en Sicile ?

J’ai 25 ans et depuis 3 ans je poursuis un rêve : redonner espoir à notre exploitation agricole. L’amour pour l’agriculture remonte à plusieurs générations dans notre famille. Après avoir achevé mes études en communication internationale, j’ai dû faire un choix : abandonner ma terre pour trouver un emploi bien rémunéré ou rester en pariant sur la Sicile. J’ai choisi la deuxième option. J’ai choisi de ne pas partir, j’ai choisi de rester et de me battre.

Est-ce un choix simple ?

Ma mère qui a vu mon père être victime de la jungle de la grande distribution m’a toujours répété: “pigghiti a valigia e o’ cecchiti u travagghiu fora”. Littéralement : prends ta valise et cherche un autre travail ailleurs. Mais j’ai la tête dure ou j’aime peut-être trop la Sicile et j’ai décidé de me jeter dans l’aventure avec mon père.

Pourquoi avoir choisi les circuits courts ?

Pendant 20 ans, mon père a utilisé le circuit de vente classique à la grande distribution, cette grande distribution que j’appelle la jungle. Pendant les dix dernières années, l’exploitation de mon père a été en déclin parce que le système capitaliste pourri et corrompu de la grande distribution crée de grands empires en sous-payant les producteurs et nous pousse à la misère.
L’exploitation allait péricliter, mon père avait perdu toute espérance et presque abandonné la culture des agrumes, effaçant un patrimoine de connaissances acquises en 50 ans de travail sur le terrain. Puis il y a 3 ans, j’ai décidé de commencer la vente par les circuits courts avec les GAS (équivalent en Italie des AMAP). C’était une renaissance pour notre exploitation : l’économie solidaire a donné une nouvelle vie à la culture des agrumes. Les circuits courts dans le contexte de l’alimentation ne sont pas un concept lié à la proximité géographique mais cela signifie raccourcir les distances entre le producteur et le consommateur. Choisir les circuits courts, pour le consommateur, c’est un choix éthique. Cela signifie connaître celui qui a travaillé avec attention et passion, c’est aussi accepter une rémunération juste au travail du producteur.

L'orientation BIO est-elle récente ?

C’est un choix fondateur de notre entreprise ! Nous avons toujours appliqué les principes de l’agriculture BIO et en 2006 nous avons décidé d’être certifiés avec des contrôles annuels pour garantir la qualité des produits.

Merci à Paola pour cette interview passionnée !